Photo de Nataliya Vaitkevich provenant de Pexels

S’il est une chose certaine en ces temps de pandémie, c’est que le coronavirus aura permis la nette accélération et la mise en place de diverses procédures encore à l’étude jusqu’à tout récemment, et tout particulièrement dans le domaine des consultations de médecine, humaine ou vétérinaire.

« Télé » est un préfixe d’origine grecque qui signifie « au loin, à distance ».

 

Depuis le 7 mai 2020, la télémédecine vétérinaire est en phase d’expérimentation pour une durée de 18 mois (Décret n°2020-526 du 05 mai 2020). Par définition, la télémédecine vétérinaire est une forme de pratique à distance de la médecine vétérinaire qui utilise les nouvelles technologies d’information et de communication ;

Il peut s’agir :

• de télésurveillance (dans un élevage où le vétérinaire a l’habitude d’intervenir),

• d’une téléconsultation individuelle,

• d’une téléexpertise (demande d’avis d’un confrère reconnu dans un domaine d’expertise particulier),

• d’une téléassistance (entre confrères vétérinaires),

• ou de télérégulation (tri des appels, estimation du degré d’urgence de la prise en charge en fonction des informations recueillies). 

 

Pour pouvoir participer à l’expérimentation, le praticien devra au préalable être inscrit au tableau de l’Ordre des vétérinaires, et effectuer une déclaration auprès du conseil régional de l’Ordre dont il dépend.

 

Les propriétaires d’animaux domestiques (chats, chiens, NAC) seront plus particulièrement concernés par la téléconsultation. Mais il y a certaines conditions pour que votre animal puisse en bénéficier.

Tout d’abord, on ne peut téléconsulter qu’avec son vétérinaire traitant, ou tout au moins avec un praticien exerçant dans la même structure. Par ailleurs, l’animal devra avoir été reçu physiquement au cabinet / à la clinique dans les 12 mois précédant la téléconsultation.

 

Le but d’une téléconsultation n’est pas à terme de remplacer toute consultation « en présentiel », puisqu’il est parfois nécessaire de réaliser certains gestes ou certaines observations qui ne peuvent être faits que dans une structure vétérinaire, et par un praticien. En revanche, une téléconsultation a toute sa place lors d’un suivi postopératoire par exemple, pour faire le point sur la récupération de l’animal avec le propriétaire sans avoir à imposer systématiquement un déplacement / un trajet en voiture. Cela peut également être intéressant pour des conseils à visée nutritionnelle, antiparasitaire, ou pour avoir une conduite à tenir en cas de récidive d’une affection pour laquelle le vétérinaire a déjà été consulté auparavant.

 

Le praticien peut prescrire certains médicaments, mais pour d’autres (comme les antibiotiques), une visite « en présentiel » sera indispensable.

 

 

Comment cela se passe-t-il en pratique ?

 

Plusieurs plateformes spécialisées ont vu le jour et se sont développées depuis le feu vert de l’Ordre des Vétérinaires pour l’expérimentation. Il existe donc des sites dédiés, souvent doublés d’une application pour mobile ou tablette.

 

Deux options de communication avec la structure vétérinaire sont la plupart du temps proposées :

Le tchat en ligne, et la visioconsultation.

 

Le tchat est à privilégier pour une demande de conseil, tandis que la visioconsultation permettra d’obtenir un avis médical plus précis, voire un diagnostic – grâce à des questions précises, et à l’observation de l’animal en situation. La visioconsultation nécessitera une prise de rendez-vous en amont avec le praticien habituel (ou le vétérinaire de la structure disponible s’il s’agit par exemple d’une plateforme dédiée aux soins des animaux).

 

Pour les cliniques qui sont équipées, la télémédecine vétérinaire permet également au propriétaire de voir son animal hospitalisé, de constater que tout se passe bien, de poser des questions, sans avoir forcément besoin de se déplacer chaque jour.

 

Et pour les prescriptions ?

S’il y a lieu, le vétérinaire fera parvenir au propriétaire de l’animal malade une ordonnance via le site ou l’appli dédiés, grâce à laquelle il sera possible de se procurer les médicaments, soit en pharmacie, soit à la clinique, mais sans avoir à déplacer son compagnon.

 

 

Est-ce vraiment intéressant ?

 

• L’intérêt des téléconsultations réside non pas dans le fait que l’on ne se déplacera plus, mais surtout dans la possibilité d’améliorer la prise en charge et le suivi de l’animal, à partir du dossier médical de celui-ci, auquel le propriétaire pourra avoir accès : consultation des notes et des recommandations, échange avec le praticien par tchat, ajout de photos, de radios, de vidéos par les 2 parties dans le dossier.

 

• Le vétérinaire traitant pourra lui aussi faire appel à ces technologies pour demander l’avis d’un confrère spécialisé dans un domaine, sans forcément que propriétaire et animal aient besoin de se déplacer dans la clinique spécialisée. Les données des examens (prises de sang, imagerie médicale...) pourront être télétransmises, afin que le spécialiste puisse étudier le dossier, apporter son éclairage, donner des conseils, préconiser un traitement.

 

• La télémédecine permet également de mettre l’accent sur la prévention (selon les fonctionnalités de l’appli et les choix du praticien), avec rappels pour les vaccins, les traitements antiparasitaires, ou encore avec informations sélectionnées en fonction de l’animal (âge, race, caractéristiques).

 

• Le prix des téléconsultations est encadré par les vétérinaires, dont le but n’est pas de racketter les propriétaires, mais d’établir une relation de confiance propriétaire / praticien, et d’améliorer les services.

 

 

Bien employée, la télémédecine vétérinaire devrait permettre à terme d’améliorer la prise en charge de nos compagnons, mais bien entendu, une visite annuelle a minima sera indispensable pour un examen physique complet et d’éventuelles analyses.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

08/03/2021